Quotations regarding Kikongo/Kituba

What is Kituba? Where is it spoken? How is it related to other languages? I have collected some excerpts from books to this document to answer these questions. Many of the excerpts are in French.


From Dictionnaire kikongo et kituba - français by Pierre Swartenbroeckx (CEEBA, 1973). The first quotation is a short excerpt from the introduction and the rest are complete dictionary entries.

Les parlers Kongo se répartissent en une vingtaine de dialectes, les uns au Zaïre, les autres chez ses proches voisins du nord et du sud. Si les missions chrétiennes ont donné une large expansion au Kindibu (Matadi) et au Kintandu (Kisantu), elles n'ont pus assurer à ces formes classiques une audience véhiculaire, qui semble dévolue aujourd'hui à l'ancien Fiote ou Kituba de Cabinda, régénéré en Kikwango (plaisante approximation!) ou Ikele-ve, et devenu Kikongo ya Leta.
Fiòti W. 1 arch.: un Noir. De là: la langue Fiote, kikongo véhiculaire du trafic côtier, devenue kitúba, ikélevé, kikwángo, kikóngo ya lètá.
ikélevè: nom hum. du Kituba-Kongo. = il n'en est rien.
Kikwángo: Kikongo bâtard du Kwango-Kwilu. = Ikèlevè ou Kitúba, Kikongo véhiculaire (lingua franca), à vocabulaire Kintándu mâtiné de Lingala, amplement présenté dans ce volume (Kw., mots en italiques grasses mais aussi de nombreux vocables, surtout verbes usuels en lettres grasses droites).
kikóngo: langage ou idiome Kongo, langue congolaise du Bas-Congo; pf. usages de Kongo. Nous donnons dans ce volume le Kintandu de Kisantu, pf. nommé Kimpángu (langue du Haut entre Inkisi et Kinshasa ou E.); des larges notions de Kindíbu W. (Thysville [Mbanza-Ngungu], missions de Matadi), des éléments de Kiyómbé (région Boma), de Kilári (Brazzaville), de Kibèmbé (ib. Muyonzi). du NW. (Kunyi, Vili, Ndingi, Mboka, Kakongo); du S. (Angola).
kikóngo, Kw.: sens préc.: pf. simplement langage, discours, façon de parler, propos: Kikóngo na ngé yáyi, mònò kutónda yó vè: je n'aime pas tes propos. W. kikôngo
kilètá, Kw.: langage de l'administration (l'Etat), kikongo véhiculaire.
kimpángu: Idiome de base du Kintandu et Kituba (ki Kwango-Kwilu), du moins comme vocabulaire.
kitúba: lingua franca, langage simplifié véhiculaire. Nous utilons le mot pour le Kikongo véhiculaire, ou ikélévè issu du Fiote côtier, enrichi au Kwango-Kwilu par le vocabulaire scolaire, pratiqué aussi dans les cités du Bas[-Congo], dans les ports, voire au chemin de fer Brazza-Pointe Noire. Jadis on donnait le même nom à une langue commerciale qui avait cours au Sankuru, Kasai, Lulua et Lomami, et qui comportait beaucoup moins de Kikongo, plus d'apports Luba, Kuba, Songé et Tètela. C'est un langage tout différent.
Kizábavé: sobr. du kikóngo-kitúba, comme ikélevé. Kikongo véhiculaire, combinaison du Fiote et de son développement au Kwango-Kwilu.

From Emergence et développement d'une langue véhiculaire: le kikongo by Ngalasso Mwatha Musanji in Contacts de langues et contacts de cultures — 4. L'expansion des langues africaines : peul, sango, kikongo, ciluba, swahili (1982).

(pp. 45)
Le premier problème qui se pose à quiconque aborde cette langue, pour l'étudier ou pour l'apprende, concerne le nom ou les noms servant à la désigner. On note au moins une dizaine d'appelations, plus ou moins courantes, plus ou moins répandues ; kituba, munukutuba (ou monokutuba), kibulamatadi, kingala, kikwango, kimpangi, kizabave, ikeleve, kikongo ya leta, kileta, kikongo commercial, kikongo simplifié, kikongo véhiculaire.
(pp. 46-47)
Une telle prolifération de noms, autrefois destinée à souligner très nettement le caractère non naturel de cette langue et justifiée par le désir de soigneusement la distinguer des parlers kongo traditionnels, n'a en réalité, à l'heure actuelle, aucune raison d'être : d'une part parce que le kikongo "véhiculaire", d'abord simple pidgin, est devenu, après une longue période de créolisation, une langue à part entière servant de véhicule maternel à bien des générations de plus en plus nombreuses jeunes citadins aussi bien au Congo qu'au Zaïre; d'autre part parce que, dans la synchronie actuelle, aucun dialecte kongo ne porte en propre le nom de kikongo. Celui-ci, apparait plutôt comme un terme générique servant à désigner l'ensemble des parlers kongo. On pourrait donc, à notre avis, valablement convenir d'appeler désormais kikongo, sans crainte de confusion, la seule langue à usage véhiculaire : celle-ci n'est-elle pas objectivement, en tant qu'émanation de toutes les langues kongo (dont l'evolution la plus probable ira sans aucun doute en accentuant les différences des structures et, chez les usagers, le sentimenet de ces différences), l'une des meilleures expressions possibles de leur héritage culturel commun et, partant, un puissant facteur d'unification ?
(pp. 58-59)
Le kikongo est utilisé comme langue véhiculaire en République populaire du Congo, sur un espace estimé à environ 15 % du territoire national et où se trouve concentrée près de la moitié de la population congolaise. Il est parlé en République du Zaïre où sa zone d'influence s'étend sur l'ensemble sud-ouest soit un espace couvrant la région de Bandundu et la région du Bas-Zaïre [Bas-Congo], y compris la ville de Kinshasa, capitale. Il est pare dans l'Enclave de Cabinda et dans le nord de l'Angola. L'ensemble de l'aire géographique du kikongo, compris entre les parallèles 3° et 8° sud et les longitudes 12° et 21° est, renferme plus de 40 langues bantu.
(pp. 58-59)
Dans la région du Bas-Zaïre il existe une relation conflictuelle entre le kikongo et les autres parlers kongo traditionnels. Dans le bas-fleuve (berceau du kikongo) et le long du chemin de fer Brazzaville-Pointe-Noire, en raison des rapports spécifiques de commerce, la relation de conflit a évolué vers un bilinguisme kikongo-parlers kongo. Dans le Bandundu, où existe une multiplicité de langues sans possibilité d'intercompréhension entre elles, le kikongo a également trouvé un accueil favorable. Par contre dans la région centrale du Bas-Zaïre (Kisantu, Mbanza-Ngungu), où existe entre les dialectes locaux une intercompréhension pratiquement totale, le kikongo n'a reçu qu'un accueil mitigé.

The next excerpt is from Parlons kikôngo by Jean de Dieu Nsondé (L'harmattan 1999, pp. 10-12).

En dernier ressort, pour le néophyte perdu et pressé, il restera le recours au munukutuba que l'on peut assimiler ici au kituba (ou ékélévé) du Congo-Kinshasa, au kikôngo yà létà du même pays et du Congo-Brazzaville. Le linguistique André Jacquot voit dans ces langues "trois variantes, trois dialectes, à fonction vehiculaire, de la langue du kikôngo... qui se sont différenciées localement par une évolution propre, sous l'effet de circonstances et de facteurs particuliers." Selon lui, le kituba et le kikôngo véhiculaires ont subi des "efforts de standardisation" - poir et par l'écrit - à l'usage des églises, tandis que le munukutuba a "évolué sans contrainte en sabir".
Si les nuances entre ces trois variantes sont incontestables, elles n'empêchent pas l'intercompréhension. Mais il faudrait plutôt les analyser comme des différences de registre, de niveau de langue variable selon les groupes sociaux. En effet, le kituba et surtout le kikôngo ya létà ont commencé à être fixés, voire normalisés, par leur utilisation au sein des Eglises et des médias audiovisuels dÉtat (radio essentiellement). Des deux variantes bénéficient donc d'une situation institutionelle avantageuse et dominante, mais peut être rigide - tandis que le munukutuba conserve une plus grande tolérance toute populaire, variant un peu au gré des contextes géographiques et linguistiques, ainsi que de la compétence des locuteurs. Ainsi, certains mots et intonations peuvent changer à Brazzaville, Dolisie et Pointe Noire, selon le contexte linguistique dominant. On peut, dans un certain mesure, le considérer comme un "pidgin kikôngo" - mais sans y voir une nuance péjorative - qui recouvre toute la zone de langue kôngo et représente d'ailleurs le parler véhiculaire le plus facilement et le plus couramment utilisé par les Africains de l'ouest vivant au Congo-Brazzaville (Mauritaniens, Sénégalais, Béninois, Togolais, etc.) et certains Européens tels que les Portugais. Mais son influence est plus grande en dans les zones de trés grande mixité, entre différentes communautés kôngo, ou entre celles-ci et d'autres Africains, et se limite souvent aux relations commerciales, d'où la vitalité qu'il manifeste dans les lieux d'échange (marchés, gares ferroviairies, ports fluviaux et maritimes, etc.).
C'ést ainsi que son aire de prédilection s'étend, au Congo-Brazzaville, le long du chemin de fer Congo-océan, de Pointe-Noire - ville extrêmement cosmopolite qui en représente ke principal basion - aux limites de la région du Pool. A Brazzaville, on parle principalement munukutuba dans certains quartiers particulièrement pluriethniques, au Plateau de 15 ans, à Moungali, à Poto-Poto, surtout dans les marchés, notamment comme complément du lingala, autre langue véhiculaire. Au Congo-Kinshasa voisin, le port maritime de Matadi en est le principal pôle, avec la variante kituba, pour les raisons historiques et économiques lièes à son développement comme débouché prioritaire du territoire du Congo-Kinshasa, et terminus du chemin de fer Kinshasa-Matadi. Ce contexte particulier y a favorisé l'afflux de différentes populations africaines - kôngo et non-kôngo - et européennes, ainsi que l'émergence d'un pidgin original à base kôngom conçu probablement à partir du parler de l'ancien État du Kakongo (dans l'actuelle province angolaise du Cabinda), avec quelques emprunts de au français et à l'anglais.
Ceci amène de nombreux auteurs à en situer "la naissance" à ce moment-la; en réalité, les conditions de commerce international actif, ont entraîné un grand brassage ethnique - avec des Européens de toutes nationalités, Français, Anglais, Néerlandais, Belges, et des Africains venus de la sous-région -, ainsi qu'une situation de plurilinguisme dans un environnement kôngo numeriquement dominant. Déjà, dès le début du XVIIème siècle, en pleine traite négrière florissante cette zone représentait une pôle dominant. La formation du munukutuba pourrait donc remonter à ce moment-là, la période contemporaine n'ayant été qu'un accélérateur pour un parler déjà en place et constitué depuis près de deux siècles, mais étendu sur un plus faible territoire, grosso modo autour de l'estuaire du fleuve Congo. Les dictionnaires bilingues kikôngo-français composés entre 1766 et 1776 par des missionnaires français présents au Kakongo confortent cette thèse de l'ancienneté du munukutuba et en montrent les affinités flagrantes avec les parler de cet Etat.